Conférences à Paysalia Pour des espaces verts moins gourmands en eau
Dans le cadre des conférences qui se sont tenues au dernier salon Paysalia, près de Lyon, Robin Dagois (Plante & Cité) et Olivier Fouché (Florysage by Astredhor) ont présenté un panorama des solutions techniques pour verdir la ville avec moins d'eau.
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En vingt ans, le nombre de départements touchés par des arrêtés de restriction des usages de l'eau durant l'été a fortement augmenté, avec une intensification des situations de crise au cours des dix dernières années. Les niveaux des nappes phréatiques sont très variables au sein du territoire au fil des saisons et selon les années, avec des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents et qui débutent plus tôt dans l’année, mais aussi parfois des pluies intenses plus marquées à l’automne… Si l’arrosage des espaces verts représente environ 65 % du volume global consommé par les services techniques des collectivités (chiffre 2013), l’arrosage des espaces verts ne représente qu’une infime proportion de l’eau puisée : 0,0006 % de l’eau puisée dans la région Nouvelle-Aquitaine et 0,2 % de l’eau potable. Toutefois, au regard du contexte climatique changeant, du besoin accentué de végétal en milieu urbain et de la nécessité pour les plantes d’avoir accès à l’eau pour se maintenir en vie et rafraîchir la ville, il est nécessaire de trouver des solutions qui permettent d’optimiser son utilisation.
Analyser les pratiques des communes
L’ambition du programme Irrig, lancé par Plante & Cité en 2023 pour une période de trois ans, est de faire le point sur ce sujet. Une première étape, basée sur une enquête menée auprès des collectivités et gestionnaires, a permis d’analyser les pratiques des communes et des entreprises autour de la gestion de l’eau. Les différentes solutions mises en œuvre peuvent se scinder en deux catégories.
Les méthodes considérées comme actives sont celles qui permettent :
- de retenir l’eau dans le sol pour la relarguer ensuite, avec des hydrorétenteurs d’origine naturelle ou issus de la pétrochimie. Efficaces pour augmenter la quantité d’eau disponible en période de sécheresse, ils ont été peu étudiés sur les risques environnementaux qu’ils pourraient engendrer ;
- de modifier la tension de l’eau dans le substrat avec des agents mouillants. Efficaces pour améliorer l’humectation des sols mais issus de la pétrochimie et sans recul sur les risques environnementaux liés à leur utilisation ;
- de suivre la disponibilité en eau du sol par la tensiométrie, pour ensuite adapter les apports d’eau. La technique peut s’utiliser en hors-sol et en pleine terre, mais elle ne convient pas aux contenants de moins de 3 l et aux substrats grossiers.
Les méthodes passives servent à agir sur la qualité et la résilience du sol, par apports de paillages, de composts ou de biostimulants, et favorisent ainsi la présence des organismes vivants et la porosité du sol, avec à la clef un meilleur accès à l’eau capillaire.
Olivier Fouché attire toutefois l’attention sur le type de paillage car certains, comme par exemple la paillette de lin en couche épaisse, peuvent limiter le passage de l’eau, modifier le pH du sol ou réduire les apports en nutriments.
Des sols perméables et des jardins de pluie
L’autre levier d’action consiste à concevoir des aménagements qui favorisent l’accès à l’eau, avec des revêtements de sol perméables, des jardins de pluie pour lesquels la topographie et l’absence de bordures facilitent le recueil des eaux de ruissellement proches, ou encore la mise en œuvre de tranchées continues pour la création d’une véritable trame brune.
Les systèmes d’ollas ou les sacs de pluie (systèmes pour faire percoler lentement l’eau à proximité des plantations) se développent aussi.
La question du choix de la palette végétale et de l’association des plantes reste un point central, tout comme le mode de gestion, en particulier pour les gazons et prairies : les tontes rases et régulières ne favorisent pas la tolérance à la sécheresse des aménagements.
Enfin, les professionnels peuvent s’appuyer sur différents outils et programmes de recherche développés ces dernières années pour choisir la gamme végétale la plus adaptée à leurs projets : base de données Floriscope, programme Sesame (Cerema/ville de Metz), Ardem (végétaux méditerranéens avec l’Inrae villa Thuret d’Antibes et Hortis) ou encore le récent programme Avec (adaptation du végétal au climat de demain) lancé en 2023 par Plante & Cité.
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